Et si vous osiez chanter?
Et si vous osiez chanter?
Texte Sandrine Dumont
Alors que j’entrais dans l’épicerie de la rue Patru, Mme Rumo, l’épicière, s’exclama: « Ah vous chantez! Dans le temps les gens chantaient et sifflotaient dans la rue, mais maintenant il est rare d’en croiser… ils n’osent plus. Pour ma part j’ai toujours aimé chanter ». (Mme Rumo se lança alors dans un long discours car elle aime aussi beaucoup parler!)
Ah! Chère Mme Rumo, de nature si gaie. Je l’imagine jeune fille, fredonnant de vieilles chansons de sa voix soprane et fluette, en rêvant peut-être de M. Rumo, jeune homme alors gauche et timide, lequel de son côté sifflotait en imaginant sa chère Arlette…
Point n’est besoin de posséder un organe exceptionnel pour entonner les airs qui nous trottent dans la tête. Et même, point n’est besoin de chanter juste puisque de toute façon on n’est accompagné d’aucun instrument, et donc plus libre d’improviser et donner l’interprétation que l’on souhaite au morceau choisi, notamment en y rajoutant des bémols et des dièses à volonté. Pour ce qui est du rythme, « peuchère », suivons notre instinct, celui qui nous est le plus naturel, celui que nous envoie notre cerveau reptilien…
Personnellement je chante, que je sois joyeuse ou triste: dans la rue, en promenade, dans les magasins, partout où j’en ai envie. Chacun de mes pas marque un temps et me donne ainsi un tempo. Aussi, suivant la vitesse de ma démarche, mon chant sera t-il lent ou plus rythmé…
Depuis longtemps, j’ai développé quelque « allergie » envers les personnes (sûres de leur bon goût et briseuses d’enthousiasme) qui clouent le bec (parfois à vie) à de jeunes âmes simples et généreuses à coup de « Tais-toi tu chantes faux! » ou de « Tu me casses les oreilles! ».
Ne savent-ils pas que chanter c’est se faire du bien? un peu comme si l’on se « massait » de l’intérieur!
Ne se doutent-ils pas que le chant c’est un peu de la vie qui nous entoure et nous anime?
Alors, pour conclure, je n’ai qu’une chose à dire « Osez chanter! avec vos amis, avec vos enfants, dehors ou dedans; redonnez un peu de couleur et d’humanité à nos villes si grises et moroses ».